« … Il est cruel de se sentir seul. Ceux qui vous voient retranché de l’existence commune vous prêtent naïvement la conscience étroite et mesquine de la vie misérable où vous avez sombré. Tandis qu’ils vous traitent en enfant, vous vous empoisonnez lentement avec les sèves inemployées de votre âme. Ils s’étonnent de vous voir aimer ce qu’ils aiment, deux fois implacables dans les vœux qu’ils forment pour vous, car ils ne souhaitent que votre guérison, sous-entendant avec une cruelle innocence que votre existence morale est à ce prix, et qu’à défaut de ce miracle, vous ne pouvez prétendre à vivre comme eux. Cependant, vous vous enflammez à la vision du monde où vous n’êtes plus attendu. Tout ce que vous avez le plus chéri introduit dans votre cœur le chiffre brûlant de votre impuissance, et parce que vous l’aimiez plus que tout, vous endiable avec le dépit de n’y pouvoir atteindre… »